jeudi 11 juin 2009

Rue Saad Zaghloul


Me revoilà "à la maison"... Quelques brèves...






L'avion du retour était presque vide. J'avais trois sièges pour moi, comme mon lointain voisin de droite, un jeune type, européen (français?), la tête rasée et arborant une fine barbe. Pendant le vol, il a fait deux fois sa prière, assis à sa place, en appuyant son front contre le siège de devant aux moments où la tête doit toucher le sol.
L'avion est arrivé au Caire vers 20h. C'était magnifique, le jeune islamiste avait comme moi le nez scotché au hublot. La lumière rasante illuminait les villages et les cultures du Delta du Nil, puis on a débouché sur la ville, c'était impressionnant. Les méandres du Nil, majestueux, puis l'immeuble de la télévision, la tour du Caire, les grands hôtels... Voir tous ces bâtiments connus "d'en-haut", ça faisait tout drôle.
Surtout j'avais l'impression que l'on volait en rase-motte, et j'étais partagée entre l'émerveillement et la crainte que l'on soit tout à coup obligés d' atterrir sur les toits d'un quartier informel...

Le lendemain, en ouvrant mes volets, j'ai découvert que les arbres de ma rue s'étaient couverts de fleurs rouges.






Quelques jours après mon retour, je vais faire mon marché. Je suis assez contente de retrouver mes "petits commerçants", qui me saluent chaleureusement : "inti seferti?" (tu étais en voyage?). Je me sens presque "chez moi" lorsqu'une femme qui fait aussi ses courses me demande comment je cuisine mes aubergines et mes courgettes!! Le comble de la khawagat (étrangère)! Quand je lui dis -en égyptien petit nègre- que je cuisine tout ensemble avec de l'huile d'olive, elle dit "aah". Comme elle porte un niqab (voile noir qui ne laisse apparaître que les yeux), je ne peux pas vraiment juger à son visage si ce son exprime l'incrédulité ou la moquerie...

Ces jours-ci, en marchant sur les trottoirs du Caire, on reçoit des petites gouttes fraîches. On pense d'abord à une pluie miraculeuse, puis en levant le nez, on s'aperçoit que c'est l'armée de climatiseurs fichés dans les murs des immeubles qui gouttent avec régularité, jusqu'à former de petites flaques sur le bitume.

Que s'est-il passé en mon absence? Oh, trois fois rien, la visite du président américain le plus populaire de l'histoire, venu faire un petit discours pour refonder des relations entre les Etats-Unis et les Musulmans. Hum... J'ai suivi ça de loin. J'avais lu dans les reportages de mes confrères que les Egyptiens étaient globalement bien disposés, mais attendaient de voir, ne croyant pas Obama sur parole.
Ma prof d'arabe, Nagat, m'a livré sa vision des choses : "Dans la rue, pendant le discours, c'était comme quand il y a un match de foot important : tout le monde s'est agglutiné devant des téléviseurs posés dehors, les commerçants ont délaissé leur magasin pour venir écouter Obama. A la radio, ils diffusaient la chanson de la Coupe d'Afrique des nations (gagnée l'année dernière par l'Egypte), ils avaient changé les paroles pour célébrer Obama. Le lendemain, un journal titrait "Obama El Mountathar" (le messie). Maintenant les gens dans la rue sont plein d'espoir par rapport aux Etats-Unis, c'est vraiment nouveau", m'a-t-elle assuré.

Ma rue à moi, la dénommée Saad Zaghloul (prononcer Zarrloul), est fidèle à elle-même. Les hommes continuent à fumer la chicha sur ses trottoirs ombragés dès tôt le matin, et continuent à me suivre du regard quand je passe entre leurs petites tables. Les gamins jouent toujours au ballon, ou à martyriser le petit chien blanc - une sorte de husky égyptien, original- qui semble enfin commencer à grandir.
Et le vendredi matin, le marchand de légumes ambulant pousse toujours de grands cris pour avertir qu'il ne passera pas deux fois, pendant que sa petite aide grimpe les étages pour amener les commandes aux clients.



2 commentaires:

  1. ça donne envie de venir voir toutes ces petites "habitudes" du caire. En Andalousie aussi, ils ont droit à la pluie de climatiseurs, c'est quand meme rafraichissant sous 39°.
    Bon, ben j'espere venir bientot enfin après le mois d'aout!
    bisous

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